Archives mensuelles : avril 2008

Gloria in excelsis Deo…

Mes lecteurs les plus fidèles (et je sais qu’ils existent) ne manqueront pas de remarquer que nous avions déja rendu hommage dans nos pages à une œuvre du même nom (ou plutot prénom).
La Gloria du roman de W.T. Vollmann était une figure absente mais obsédante, haute représentante de l’amour et de la quête, icône carbonisée au sexe et aux excès.

La Gloria de Cassavetes respire davantage. Film tardif dans la carrière de ce réalisateur américain hors pair et surtout hors circuit, auteur, entre autres, des sublimes Minnie and Moscowitz (à voir absolument) et d’ Opening Night, Gloria est à la fois un bijou de cinéma, un road-movie à l’envers et une ôde à la féminité. Tout pour nous plaire.

A New-York, la famille Dawn est dans la merde. Le père, comptable pour la mafia, a fauté auprès du FBI. Et dans le milieu, on ne plaisante pas. Quelques minutes avant la descente vengeresse, Gloria, voisine des Dawn, vient emprunter du café et repart avec… Phil, leur fils de six ans, ainsi que le cahier de comptes du père.

S’engage dès lors pour nos deux héros une course folle dans la grosse pomme, transformée, en raison des circonstances, en un véritable piège arachnéen. D’hôtels miteux en fusillades urbaines, comment tisser des liens sur rien, dans l’urgence, dans la violence, et malgré soi ?

Gloria, alias Gena Rowlands, ancienne call-girl qui pensait en avoir finit de la pègre et de la peur, prise entre ses restes de féminité et un instinct maternel maladroit, forme un splendide duo avec ce petit bout de garçon prématurément orphelin et qui, avant même l’âge de raison, scrute les contours des relations humaines avec une clairvoyance bouleversante.
« You’re not my mother ! My mother’s pretty !! », hurle l’enfant déraciné.

Cassavetes a le don de détourner les symboles.
Dans Gloria, la ville n’est plus le lieu de la vie, mais un superbe écrin de solitude, où chaque bruit, chaque voiture, chaque geste est une menace.
La femme n’est plus le sexe faible, mais la tribune du courage, de la force et de la survie : Gena Rowlands, sa blonde rigueur, son pas élégant et soutenu, sa gouaille irréversible, donnent au film une justesse sidérante.

« I love you Gloria, I love you to death »,
finit par déclarer Phil, faisant de Gloria un film qui finit bien sur les rencontres qui commencent mal.
Le triomphe de la femme et de l’enfant réussi le pari de la revanche des faibles, de ceux qui choisissent leur camp par dépit, et de l’inattendu qui, au cinéma, est toujours gage de qualité.

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Classé dans #3 Mercredi : cinéconnasses

MBK for ever

bike
luca
nicoaurelien

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Classé dans #2 Mardi : BeMyPict

ARTJACKING, MEGA BLING

Prenez un lieu d’avant-garde, mélange de jazzing et de clubbing, berceau de quelques soirées mythiques et générateur d’ambiance décomplexé, j’ai nommé Les Disquaires.

Mettez-y deux rappeurs, Coloramakidz et Eylboh.
Ajoutez-y deux groupes d’Electro New Wave, These Blackholes et There’s Russian Legions.
Saupoudrez le tout d’un graphiste, de photographes, de movie makers (le clip toplisté de nos petits Minitel Rose et réalisé par Syrine Boulanouar de chez Luigi’s, c’est eux) et de bons gros DJ, comme Zetrei bébé.
Secouez très fort.
Voici les soirées Artjacking, fruit d’un collectif artistique pluriforme et insolent, groupe de potes agités et bien décidés à faire trembler les murs.

Vous avez une villa, des copines super bonnasses et une piscine à débordement ? Ce sont vos hommes. Courez-vite les booker sur MySpace, ils viennent en kit.
Et pour toutes celles qui pissent encore sur le palier d’un immeuble cossu du XVIème, faites comme nous. Rabattez-vous sur l’interview de Jules, mentor et chef d’orchestre, et venez aux Disquaires mercredi 30 avril, ils seront tous là.

Un mot préféré ?
Supercalifragilisticexpialidocious

Un mot détesté ?
Behype ;-)

Une drogue favorite ?
L’amour

Un bruit préféré ?
Le petit jingle qui annonce un but lors des soirées Multiplex sur Canal.

Un son détesté ?
WIZZ

La chanson que tu aurais aimé écrire ?
« Pas le temps pour les regrets » LUNATIC

Un livre/film culte
Le livre de la Jungle.
Le Roi Lion

Un juron favori ?
Ta race!

Qui est à la table de ton dîner de con ?
David Douillet ( qui a assuré sa dernière voiture au nom des Pièces Jaunes )
Ouai j’suis une poucave.

Qui est à la table de ton dîner d’excellence ?
Edouard Baer

Qu’aimerais-tu que St Pierre (et Miquelon) te dise aux Portes du Paradis ?
On t’a mis dans le même dortoir que ton Lapin qui a séché au soleil quand tu avais 6 ans.

Quel est le pire tue l’amour ?
Un 357 magnum.

Ta pire faute de goût ?
Mettre des casquettes alors que ça me va pas du tout.

Un petit plaisir honteux ?
La branlette

Et ta mère, elle en pense quoi?
Oula elle est opé j’pense!

Le site web sur lequel tu zones ?
http://myspace. com/artjackingfrance

Le meilleur spot pour sortir près de chez toi ( c’est où chez toi d’ailleurs ?)
Chez moi c’est Aux Disquaires le 30 avril, dès 22 heures.
6 rue des Tailandiers
Metro Bastille.
Rentre sans frapper.

Ta superconnassitude ?
Etre un branleur qui se lève à midi et taffe 15h par semaines.

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Classé dans #1 Lundi : BlingBlingGuest

Danser dans les cendres

Né en 1899, mort en 1961, Ernest Hemingway fit corps avec son temps comme peu d’écrivains surent le faire. Combattant des deux guerres, il fut aussi reporter, résistant, photographe, voyageur intrépide, et acteur remarqué des années folles, de Key West (où le dandy se fait construire la première piscine du genre) à Paris, où il s’adonne à une généreuse débauche avec son grand copain Francis Scott Fitzgerald.

Prix Nobel en 1954, ses romans d’amour et de guerre font partie du must-have littéraire de toute jeune fille un peu sensible. Mais aux delà des mastodontes, il y a aussi deux trois morceaux méconnus, et L’étrange contrée est de ceux –là.

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photo©Superconnasses

Digne fruit de son créateur, le contexte est assez ramassé.

Une route, une Buick, du whisky, des oiseaux et un couple. Helena a 22 ans, Roger pourrait être son père. Désabusé, cet écrivain en panne d’inspiration se laisse bercer par l’odeur du bitume, la beauté de cette fille, le petit goût amer du White Horse. De motel en diner, de Miami à la Nouvelle-Orléans, leur périple épouse celui du désamour, de l’angoisse, du réel qui vient mordre la magie, et qui l’étouffe.

Ennemi du style ampoulé et de la sophistication littéraire, Hemingway nous offre à lire un texte brut, au plus près des cinq sens, comme un rodéo cinématographique qui ne ment pas.

La désillusion des phrases assassines, les ravages de la mélancolie, le spectre de l’inceste y sont représentés tels quels, sans fard ni drama. Il y a toute la beauté de la fin, intense et terrible à la fois. C’est comme de danser dans les cendres. Avec cette clarté mal dégrossie propre à la (bonne) littérature américaine, qui fait mal mais qui sonne juste.

« En regardant devant la route sur laquelle il avait roulé tant de fois dans sa vie, en la voyant s’étendre devant lui, sachant que c’était la même route avec ses fossés de chaque côté et sa forêt et ses marais, sachant que seule la voiture était différente, que seule la personne qui était avec lui était différente, Roger ressentit cette vieille sensation de vide monter en lui et sut qu’il devait l’arrêter.
« Je t’aime, ma fille », dit-il. Il ne croyait pas que ce fût vrai. Mais cela sonna juste au moment où il le dit. »

« – Peut-être que nous ne devrions même pas rester pour dîner », dit-il. Il était encore très inquiet et la chaleur de l’absinthe s’était déplacée vers la tête à présent et ça ne lui inspirait pas confiance. Il se dit à lui-même : que penses-tu qu’il puisse se passer qui soit sans conséquence ? Quelle femme au monde, pensais-tu, serait en aussi bon état qu’une Buick d’occasion ? Tu n’as connu que deux femmes en bon état dans ta vie et tu les as perdues toutes les deux. Qu’est ce qu’elle voudra ensuite ? Et l’autre partie de son cerveau dit : salut salaud. L’absinthe t’a fait sortir de bonne heure ce soir. »

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Classé dans #4 Jeudi : They Say So ...

Ferris Bueller versus Pump Up the Volume !

Nos jeunes années ‘80-90

Il y a des films qui sont supposés avoir bercé notre enfance, notre adolescence. Et puis il y a ces mêmes films qu’on redécouvre, un peu tard, et avec ce regard amusé qui fait que les vieilles choses nous sont toujours plus sympathiques, parce que plus naïves, plus fraîches dans la fabrication et peut-être aussi parce qu’elles font écho à des souvenirs.

C’est le cas de ces deux films, l’un estampillé années ‘80 à mort : Ferris Bueller’s day off ( en français La folle journée de Ferris Bueller ) et l’autre carrément daté 90 – merci les coupes de cheveux ! – Pump Up the Volume.
Tous deux américains, tous deux joués par des TeenageStars de l’époque – avant que Christian Slater devienne bouffi à la coke et Matthew Broderick, gros.

D’un côté un héros national, l’idole ingénieux Ferris, qui décide de s’offrir une journée à sécher les cours pour prendre du bon temps avec son meilleur pote, avant d’entrer à la fac et d’être séparé de sa petite amie.

De l’autre, un héros discret, Mark le jour / Happy Harry Hard-on la nuit , qui officie tard le soir sur les ondes d’une radio pirate et qui provoque des émules dans la foule estudiantine d’un tranquille mais corrompu lycée de banlieue.

L’idée bien américaine d’un leader : Ferris mène son monde à la baguette et s’en sort plutôt bien, tandis que Mark agite ses idées dans l’ombre pour un résultat explosif au grand jour. Dans les deux cas, un mec l’air de rien qui secoue un peu, qui déménage, jusqu’à devenir un putain de héros.
Parce que l’Amérique aime les héros.
Et nous aussi, on avoue. On a envie d’y croire.

C’est excitant, c’est plein de suspens. On aime les séries de catastrophes et l’intrigue qui monte monte monte ! On se prend au jeu. On accepte les règles et l’image un peu désuète. On joue le jeu, comme un bond dans le passé – une cure de jouvence.
On se dit que l’époque où on faisait des comédies marrantes sans pour autant être porté sur le cul est loin. Non, American Pie et compagnie ne sont pas de dignes héritiers, et heureusement « Sauvé par le gong » repasse sur la TNT.

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Classé dans #3 Mercredi : cinéconnasses