Les films de nos vies

L’ Esprit de la ruche, chef d’oeuvre de Victor Erice, était repris cette semaine au Latina, à Paris. C’était l’occasion de (re)découvrir cette perle du cinéma espagnol, tourné peu avant la mort de Franco, et qui met en scène la jeune et bouleversante Ana Torrent en proie aux Grandes Peurs de l’enfance. Le film s’ouvre donc sur l’arrivée dans un village en déserrance d’un cinéma ambulant qui projette Frankenstein. Dans la modeste salle des fêtes, toutes les âmes du  bled sont réunies dans une espèce de communion du 7 ème art. Regards, souffles, attentions sont comme suspendus, et la figure du monstre enveloppe tout le film (celui d’Erice, j’entends.)

 

ana torrent
C’est souvent au croisement du réel et de la fiction que se fait l’art. Et le cinéma, dans cette rencontre, n’est jamais très innocent. Si l’histoire le prouve, Gondry le démontre, avec un film drôle, foisonnant, et bourré d’idées géniales.

Ainsi, la même scène clot Soyez sympas, rembobinez. Dans le vidéoclub de M.Fletcher, toute la ville de Paissac, New Jersey, se retrouve pour visionner un (son, en l’occurrence) film en hommage à Fats Waller. Le jazzman berce aussi de sa lourde silhouette cette comédie barrée et fédératrice : Mike ( MosDef), a grandi dans l’immeuble où le prodige est né. Avec son père adoptif, M. Fletcher, ils tiennent cahin-caha l’ultime temple de la VHS. C’est sans compter sur Jerry (Jack Black), inventeur raté et garagiste hors pair, qui, un beau jour, démagnétise toutes les vidéos de la boutique. Une seule solution s’impose : refaire, un à un et sur demande, tous les films. S’ensuit un défilé désopilant de remakes de toutes les plus grandes splendeurs de l’histoire du cinéma moderne, de Rush Hour à Robocop en passant par Le Roi Lion, dans des conditions de tournages toujours plus folles, inventives et poétiques. Le public adore, en redemande, et c’est pour l’équipe de réalisateurs en culottes courtes le début d’un succès hybride et quasi national.
Ce qu’on en retient, c’est la richesse d’imagination de Gondry, génial (re)penseur/créateur d’images, la virtuosité du couple Mos Def / Jack Black, et surtout, surtout, ce que le cinéma nous fait de grand, de beau, de drôle et de terrible.

 

jack black

Deux œuvres belles et lumineuses, pour deux facettes d’un art complexe et multiple. D’une part, les films de votre vie, comme le Frankenstein qui fascine jusqu’à la perte la petite Ana dans l’Esprit de la ruche. D’autre part, votre vie dans les films, qui vous révèle et vous sublime, comme pour ces deux gaillards, géniaux chasseurs de fantômes fantasmato-symboliques.

2 Commentaires

Classé dans #3 Mercredi : cinéconnasses

2 réponses à “Les films de nos vies

  1. J en avait envie, mais la … je vais courir le voir le Gondry !!!

  2. a y est!!!!! géniale , un vrai petit bijoux comme Gondry sait si bien les faire, je crois que je vai y retourner dailleur !
    (les filles j vous conseil l expo qui est au palais de tokyo en ce moment c’est quelque chose a voir , bon y a un peu de déja vu mais la séno est super on ets vraimn plgé dans l univers de l’artiste …bon par contre … pour ce qui est de l expo « d’en face » au musée d art moderne , la j avoue que j ai pas du tout réussi a rentrer dans l ambiance popo pipi caca zizi du collectif « Gelitin » )
    A bientôt c est toujours un plaisir de passer par ici !
    Melle Soupir

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